Les contrats d’achat d’électricité pour la méthanisation s’allongent
La méthanisation est un procédé qui permet la production d’énergie à partir de matière organique. Il peut s’agir, par exemple, de déjections animales ou de résidus de cultures. Grâces a des bactéries, les déchets agricoles participent au processus de fermentation anaérobique. Il conduit à la synthèse de méthane, un biogaz qui peut être valorisé sous forme d’énergie.
La méthanisation en France
En France, il existait début 2016 environ 490 installations de méthanisation dont 236 en exploitation agricole. Le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie et le ministère de l’agriculture, l’agroalimentaire et la forêt ont développé le plan Energie Méthanisation Autonomie Azote. Celui-ci permet aux agriculteurs de valoriser l’azote issu des déjections animales et il permet également d’accroître la production en énergie renouvelable en France. L’objectif de ce plan est la création de 1 000 méthaniseurs à la ferme d’ici à 2020.
Le biogaz produit peut être valorisé sous forme d’électricité ou de de gaz. L’énergie ainsi produite peut être revendue ou utilisée en autoconsommation. La production française de biogaz s’élève à 215 gigawattheures, soit l’équivalent de la consommation de gaz de près de 18 000 logements.
Les contrats d’achat d’électricité
L’électricité produite par le biogaz peut être raccordée au réseau d’électricité. L’arrêté du 24 février 2017 allonge la durée des contrats d’achat d’électricité issue du biogaz. Le contrat d’une durée initiale de 15 ans est allongé à 20 ans. Les tarifs de rachat de l’électricité ont été revalorisés le 13 décembre 2016 par arrêté. Pour une installation d’une puissance inférieur ou égale à 80kW, le tarif de rachat de l’électricité s’élève à 17,5 centimes d’euros par kilowattheure (c€/kWh). Pour une installation dont la puissance est égale à 500 kW, le tarif de rachat de l’électricité s’élève à 15,5c€/kWh. Si l’installation de méthanisation possède une puissance intermédiaire, les tarifs sont calculés par interpolation linéaire. Par ailleurs, les installations dont la puissance est supérieure à 500 kW sont quand à elles concernées par des appels d’offre. Elles peuvent ainsi revendre leur énergie sur le marché des fournisseurs d’électricité.
A partir du 1er janvier 2018, le tarif de rachat de l’électricité diminuera de 0,5% tous les trimestres pour les nouvelles installations. Les contrats d’achat d’électricité déjà établi ne verront pas leur tarif d’achat diminuer. Cette dégressivité trimestrielle doit permettre d’encourager le développement rapide de nouvelles installations de méthanisation. Rappelons que le prix de l’électricité est d’environ 14c€/kWh. Les éleveurs peuvent également disposer d’une prime lorsqu’une partie de leur effluents d’élevage (déjections animales) est intégrée au méthaniseur. Par exemple, si la proportion d’effluent est supérieure ou égale à 60% de la composition totale en matière organique du méthaniseur, la prime s’élève à 5c€/kWh.
En moyenne, une exploitation agricole en bovin lait consomme 420 kWh d’électricité par vache laitière et par an. Pour une exploitation de 100 vaches laitières, la consommation électrique du bâtiment s’élève donc à 42 000 kWh par an. Avec un prix du kilowattheure environ égal à 0,15€, la facture électrique de l’exploitation s’élève à 6 300 € / an. Produit par une unité de méthanisation, la vente de 42 000 kWh, avec un prix moyen de rachat de l’électricité s’élevant à 0,20€ (contrat d’achat + prime effluent), revient à 8 400€. L’unité de méthanisation rapporte ainsi 2 100 € par an à l’exploitant en se basant uniquement sur les besoins électriques des bâtiments d’élevage.
La mise en place d’une unité de méthanisation coûte entre 200 000 et 800 000€. Le temps de retour sur investissement est évalué entre 8 et 12 ans.
L’énergie issue du biogaz en autoconsommation
L’énergie produite par la méthanisation peut être utilisée directement sur l’exploitation agricole qui l’a produite, en autoconsommation. Par exemple : un éleveur de porc de 300 truies a mis en place une unité de méthanisation au sein de son exploitation. Cela lui permet de substituer le propane, utilisé pour le chauffage de ses bâtiments d’élevage, à l’énergie produite par le biogaz. Il économise ainsi entre 12 et 14 tonnes de propane par an. Le Compte CO2 récompense financièrement vos réductions d’émissions de CO2. Dans le cas de cet exemple, l’éleveur pourra bénéficier d’une prime CO2 directement proportionnelle aux réductions de CO2 constatées. En effet, il a substitué une énergie fossile, le propane, à une énergie renouvelable, issue du biogaz.