Qu'est qu'une méthodologie de calcul CO2 ?
Qu'est qu'une méthodologie de calcul CO2 pour faire votre bilan carbone ?
Une méthodologie de calcul CO2 précise la façon dont les émissions de CO2 sont calculées, et en particulier précise le périmètre du calcul et facteurs d'émission utilisés.
Le bilan carbone que vous nous proposons de faire est basé sur une méthodologie de calcul CO2 et les principes internationaux établis par la CCNUCC qui sont rappelés dans le chapitre « Comprendre nos données » du rapport SECTEN du CITEPA.
Le calculateur du bilan carbone est libre d’accès (open source) et chacun peut donc le modifier et l’enrichir, sur la page https://github.com/CompteCO2/Carbon-Weight.
Le calculateur évalue nos émissions de CO2, à partir de la formule:
émissions de CO2 = quantité consommée x facteur d'émission.
Nous précisons en détail dans cet article, comment les quantités consommées sont déterminées, ainsi que le choix des facteurs d’émissions retenus, fournis par le CITEPA.
Un point essentiel des méthodologies de calcul CO2 concerne la problématique du « double comptage » qu’il faut éviter à tout prix. Ainsi, les directives de la CCNUCC pour l'élaboration des inventaires d'émission de GES prévoient la seule prise en compte des émissions liées aux activités nationales à l'intérieur des frontières (approche territoriale). La méthodologie ne prend donc pas en compte les importants flux d'émissions amont de GES liées aux pays producteurs de biens consommés dans le pays d’inventaire (émissions dites importées). Par conséquent, les émissions de GES associées aux biens importés pour la consommation intérieure des Etats ne figurent pas dans leurs inventaires nationaux. A l'inverse, les émissions liées aux biens fabriqués dans les pays producteurs et exportés sont comptabilisées dans les inventaires nationaux alors que ces biens exportés ne sont pas consommés sur place.
Le calcul proposé ici correspond donc à un bilan carbone, plutôt qu’à une empreinte carbone, qui serait plus exhaustive, pouvant même incorporer des données relatives au cycle de vie (ACV) des produits consommés.
Bien que par construction ce bilan carbone soit approximatif, voire faux ainsi que nous l’expliquons ici , il constitue néanmoins la première étape fondamentale pour comprendre ses émissions de CO2 et trouver des solutions pour les réduire.
En particulier, pour la France selon cette méthodologie de calcul CO2, en 2021, 30,1% des émissions de GES sont liées au secteur des transports, 19,4% à l’agriculture, 17,9% au secteur de l’usage des bâtiments résidentiels et tertiaires, et 18,6% liées à l’industrie manufacturière et la construction, 10,5% à l’industrie de l’énergie, et 3,5% aux traitements centralisés des déchets.
Transports, alimentation et bâtiments sont donc trois postes d’émissions de CO2 les plus importants de notre pays. Ils sont également les trois postes sur lesquels nous pouvons agir individuellement au quotidien….Et pour lesquels il existe des solutions sans carbone. Sans surprise le bilan carbone que nous vous proposons met en conséquence l’accent sur ces 3 secteurs essentiels.
Emissions de CO2 moyennes de la France par habitant
Selon le rapport du CITEPA, les émissions de la France en 2021 s’élèvent 418,2 millions de tonnes de CO2.
Il faut ajouter à ce chiffre les émissions du transport aérien international soit 8,8 Mt de CO2 en 2021 (les chiffres 2020 et 2021 sont moins élevés que ceux de 2019 à 19,2 Mt de CO2, compte tenu de la crise COVID) selon la DGAC ainsi que nous l’expliquons au paragraphe ci-dessous.
Nous avons également choisi d'ajouter à ces deux chiffres les émissions liées à la consommation alimentaire moyenne des français. Le CITEPA comptabilise en effet 81,2 millions de tonnes de CO2 pour l’ensemble de l’agriculture française en 2021. En revanche, il ne détaille pas les émissions par aliment.
Nous préférons donc prendre les estimations moyennes de consommations alimentaires des français que nous pouvons établir à partir des données de l'ADEME. Celle-ci estime qu'un français émet 2 563 kgCO2e par an pour se nourrir (le détail du calcul est présenté dans un paragraphe plus bas).
Puisque selon l’Insee, la population française dénombre 67.626396 millions d’habitants au 1er janvier 2021, nous pouvons estimer les émissions de notre alimentation à 173,32 millions de tonnes CO2 (2,563 x 67,626396).
Les émissions totales de la France en 2021 sont donc égales à 418,2+8,8+173,32 -81,2= 519,12 millions de tonnes de CO2.
Nous en déduisons que les émissions moyenne par français en 2021 sont de 7,68 tonnes de CO2/habitant (519,12/67,626396).
Dans le bilan carbone, nous calculons la valeur des émissions moyennes par habitant pour les quatre postes les plus importants, transport, logement, alimentation et avion. Le total de ces quatre postes s’élève à 4,58 tCO2/hab. La différence entre ces 4,58 tonnes et la moyenne nationale de 7,68 tonnes, soit 3,10 tonnes, correspond donc à nos émissions indirectes, celles qui sont nécessaires pour que nous puissions acheter des produits dans les magasins (production et transport des produits), aller à l’école et à l’hôpital, etc…
Emissions de CO2 moyennes française par secteur et par habitant
Emissions moyennes voitures en France par habitant.
Pour l’année 2021, l’ensemble des émissions des voitures particulières (VP) et des deux roues, calculées dans le rapport SECTEN du CITEPA totalisent 67,73 millions de tonnes de CO2.
Ce chiffre ramené aux 67,62 millions d’habitants permet de calculer une moyenne nationale de 1,00 tonne de CO2 par habitant (67,73/67,626396 = 1001 kg de CO2 arrondis à une tonne).
Ce chiffre ne prend pas en compte l’ensemble des émissions du transport routier français, soit 119,6 millions de tonnes CO2 en 2021, afin de ne comparer uniquement que les émissions de nos voitures particulières données par le calculateur carbone, avec la moyenne nationale de nos voitures particulières.
Les facteurs d’émissions spécifiques au transport sont donnés ici : le bilan carbone de ma voiture.
Emissions moyennes logements en France par habitant.
Les données SECTEN du CITEPA rapportent un total de 47,8 millions de tonnes de CO2 pour l’usage des bâtiments résidentiels et activités domestiques en 2021.
Soit pour 67,064 millions d’habitants, une moyenne nationale de 0,71 tonnes de CO2 par habitant (47,8/67,626396).
Ce chiffre ne tient pas compte de l’usage de nos bâtiments tertiaires, soit 27,1 millions de tonnes CO2 en 2021, afin de ne comparer uniquement que les émissions de nos logements.
Les facteurs d’émissions spécifiques au logement sont donnés ici : le bilan carbone de mon logement
Emissions moyennes de l’alimentation en France par habitant.
A défaut de pouvoir répartir les 81,2 millions de tonnes issues de l'agriculture précisément par aliment, et en considérant que toute notre alimentation provient nécessairement de cette production agricole (le cas des imports/exports étant exclu par convention CCNUCC), nous pourrions estimer que nous émettons en moyenne au niveau national 1,20 tonnes de CO2 par habitant (81,2/67,626396 ).
Cependant, comme nous l'avons expliqué dans un paragraphe au-dessus, nous préférons prendre la méthodologie de calcul CO2 et les données de l'ADEME pour le calcul de notre bilan carbone alimentaire.
Ainsi l'ADEME estime qu'un français consomme en moyenne les rations suivantes (tous les chiffres et références sont expliqués sur la page Github mentionnée en haut de cet article) :
- Viandes rouges 110.1 g/jour
- Viandes blanches 52.9 g/jour
- Poissons/crustacés : 80,9 g/jour
- Fruits/légumes exotiques : 135.2 g/jour
- Fruits/légumes locaux 222.7 g/jour
- Laitage 3,5 g/jour
- Riz/Pâtes 137.9 g/jour
- pains (tous types) : 155,8 g/jour
- Alcool : 227,5 g/jour
- Jus de fruit/soda/eau 783.2 g/jour.
En reprenant les facteurs d’émissions spécifiques à l’alimentation disponibles ici : le bilan carbone de mon alimentation.
Nous arrivons à la valeur de 2 563 kgCO2e / an et par personne (addition de tous ces chiffres x 365).
Nous augmentons ce chiffre de 4,86% afin de prendre en compte la production des déchets, soit 125 kg de CO2 par an et par habitant. Ici encore le chiffre de l'ADEME diffère légèrement de celui du CITEPA (3,5%), compte tenu des différences de méthodologies de calcul, mais les ordres de grandeur restent cohérents.
Ainsi au total, nous émettons pour nous alimenter en moyenne 2,69 tCO2/an par habitant.
Emissions moyennes du transport aérien en France par habitant.
Selon la DGAC (direction Générale de l’Aviation Civile) qui publie chaque année un BULLETIN STATISTIQUE TRAFIC AERIEN COMMERCIAL, et à partir des chiffres fournis par le CITEPA, les émissions CO2 de l’aviation commerciale INTERNATIONALE en France, en 2021, s’élèvent à 8,8 millions de tonnes CO2 pour 49,73 millions de passagers. Le trafic aérien domestique émet lui 3,3 millions de tonnes de CO2, pour 20,33 millions de passagers.
A titre de comparaison, il faut garder en mémoire les chiffres de 2019, avant la COVID : 179,6 millions de passagers et 23, 4 millions tCO2.... Le trafic 2021 correspond à 39% environ du trafic 2019. C'est l'effet confinement.
Par convention, ces données France incluent la totalité des vols intérieurs et la moitié des vols internationaux afin d’éviter les doubles comptes.
On en déduit donc que chaque passager émet en moyenne 0,173tCO2 ((8,8+3,3)/(49,73+20,33)) par voyage. Avec une population française de 67 626 396 habitants, en moyenne un français effectue 1,04 voyages et émet en moyenne 0,18 tCO2.
Et oui, contrairement aux idées reçues, l’aviation n’est pas le plus gros secteur d’émissions des français ! D’ou l’importance de se focaliser dans un premier temps sur nos logements et nos voitures.
Emissions CO2 de la France pour l’objectif COP21
L’accord de Paris signé en 2015 à l’occasion de la COP21, est le nouvel accord international sur le climat. Pour mémoire, son objectif est de limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2 degré Celsius, de préférence à 1,5°C.
Les 156 Pays (sur 196) qui ont ratifié l’Accord de Paris se sont engagés à produire tous les 5 ans (2015, 2020, …) leurs projections d’émissions de CO2, appelées INDC dans le jargon COP21. Une seule INDC pour l’ensemble des 28 Etats membres de l’Europe a été déposé, la France n’a pas eu à remettre une INDC nationale.
La COP21 se traduit donc en France par la loi de Stratégie Nationale Bas Carbone, également connue sous le nom SNBC.
Cette SNBC définit une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 2050 et fixe des objectifs à court-moyen termes.
La SNBC fixe ainsi à 80 Millions de tonnes CO2 les émissions de CO2 pour la France en 2050.
La Stratégie Nationale Bas Carbone prévoit aussi que les terres et océans français absorbent 80 millions de tonnes de CO2, ce qui ramènerait la France à un solde net de zéro émissions de CO2 par an en 2050. Cet objectif est connu sous le nom de Neutralité Carbone dans la SNBC.
Cet objectif est indépendant de la population française. C’est un objectif en valeur absolue !
La population française de 2050 est inconnue, et probablement en croissance par rapport à celle du 1er janvier 2020. En divisant les 80 millions d’émissions de CO2 par la population actuelle, nous obtenons un maximum de 1,19 tonnes CO2 par personne ! Si la population augmente, cet objectif sera encore plus petit pour chacun d’entre nous.
Sur les quatre secteurs qui nous intéressent, la SNBC prévoit une décarbonation complète pour transport et logement. Pour 2050, la SNBC prévoit également une diminution de 46% des émissions de l’agriculture par rapport à 2015 (87.37 millions tCO2), soit 47.18 tCO2.
Ainsi, en conservant 3,5% de déchet, l’objectif COP21 par français se réduit à 0,73 tonnes de CO2 (47,18/67,064+3,5%) en 2050.
Qu’est-ce qu’un champion carbone ?
Nous appelons « champions carbone », les personnes qui n’émettent déjà plus de CO2 aujourd’hui pour leur logement et transport. Leur bilan carbone est très faible. C'est en effet déjà techniquement possible en se chauffant au bois ou avec une pompe à chaleur, et en se déplaçant en train, transport en commun, voiture électrique et vélo.
Sur ces secteurs, ils sont déjà à l’objectif COP21. Ils prouvent que l'on peut vivre dans la joie et la bonne humeur, sans émettre de CO2 et sans se doucher à l'eau froide ou en se caillant l'hiver dans un logement non chauffé et éclairé à la bougie.......
Ces champions sont humains et mangent comme tout le monde.
Compte tenu de la précision du calcul sur l’alimentation expliquée précédemment, nous avons décidé arbitrairement, à partir du calcul des émissions de différents régimes alimentaires, de fixer le seuil de leurs émissions à 50% de la moyenne nationale actuelle, soit 1,34 tonnes de CO2.
Les champions ont ainsi un bilan CO2 qui correspond déjà presque à l’objectif COP21. Bravo, bravo, ce sont des vrais champions.