Obsolescence programmée : un fléau pour l’environnement
L’obsolescence programmée est sur toutes les bouches depuis l’ouverture d’une enquête préliminaire contre le groupe américain Apple pour « tromperie et obsolescence programmée », en janvier 2018. Mais qu’est-ce que l'obsolescence programmée exactement et quelles sont ses répercussions sur l’environnement ?
Qu’est-ce l’obsolescence programmée ?
L’obsolescence programmée est établie par la loi française comme étant la mise en oeuvre de techniques grâce auxquelles un metteur sur le marché réduit délibérément la durée de vie d’un produit pour provoquer un remplacement rapide.
Ces techniques sont diverses, qu’il s’agisse d’induire une défectuosité dans le produit ou d’effectuer un travail de dévalorisation incitant les consommateurs à l’achat d’un modèle plus récent ou neuf. Dans le premier cas, un ou plusieurs défauts de construction sont pensés lors de l’élaboration du produit pour en raccourcir la longévité, tandis que la seconde option table sur un travail psychologique auprès des consommateurs. Les produits non démontables ou aux pièces scellées rendent également des réparations “maison” impossibles, forçant à l’achat d’un nouveau produit. Le dénouement est similaire concernant les détenteurs d’appareils voués à ne pas pouvoir se mettre à jour.
Le principe de “péremption planifiée” peut aussi être mise en oeuvre : aliments et boissons sont les principaux concernés. Une date de péremption est apposée sur les emballages à titre indicatif mais elle recommande fortement aux consommateurs de réapprovisionner leur frigo et leurs étagères si l’on souhaite consommer tels produits passé une certaine date. Si les marques répondent à un impératif législatif en prévenant les consommateurs, beaucoup de ces dates sont trop courtes par rapport à la durée de vie réelle du produit : de nombreux aliments peuvent rester comestibles ! Cette pratique entraîne chaque année un important gâchis alimentaire.
L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) retient une définition plus restreinte de l’obsolescence programmée dans son rapport 2012 sur la durée de vie des équipements électriques et électroniques. Elle estime qu’il faut “limiter l’obsolescence programmée à des raisons techniques objectives pour en exclure la dimension subjective liée aux choix de consommation”. Autrement dit, les actes d’obsolescence programmée seraient davantage l’introduction d’une fragilité dans le produit, une limitation technique, l'impossibilité de le réparer ou encore son incompatibilité avec d’autres services associés.
Quels sont les répercussions environnementales de l’obsolescence programmée ?
Qui dit remplacement des objets par d’autres objets plus neufs dit accumulation de déchets, en particulier de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Cette surproduction d’ordures se retrouve la plupart du temps exportés dans les pays du Sud, créant des dépotoirs à ciel ouvert. Ces déchets coûtent de surcroît chers aux pays du Nord puisqu’il faut bien financer les systèmes de collecte des produits jetés.
Dès 1992, la convention internationale de Bâle interdit les exportations de DEEE des pays membres de l’OCDE vers les pays non membres. C’est pourtant en 2010 que l’Agence fédérale de l’environnement allemande révèle des transgressions de cette convention, avec environ 155 000 tonnes de DEEE expédiés vers les pays du Sud, dont le Nigéria qui a recueilli 75% de déchets européens.
Sur place, les activités de démontage des déchets et de récupération de matière première exposent les travailleurs, dont des enfants, à des substances parfois toxiques comme le mercure et le plomb. Substances qui se déversent dans la nature et la polluent, tandis que les besoins de production de nouveaux équipements épuisent les ressources naturelles. Terres et minerais rares sont les matériaux les plus convoités puisque certaines de leurs propriétés chimiques et physiques permettent le fonctionnement de nombreuses applications de haute technologie.
Le fléau de l’obsolescence programmée participe ainsi à la dégradation de l’environnement et à sa pollution. Il devient plus que jamais nécessaire pour chacun d’entre nous de réguler notre consommation et de la rendre plus durable. Il est également possible d’agir au quotidien pour un monde moins pollué, moins carboné, et c’est toute la quintessence de notre engagement avec la Carte CO2 !