Pourquoi lancer une nouvelle monnaie climatique ?
Nos émissions de CO2 continuent à augmenter
Depuis le premier choc pétrolier (1973), l’Europe et la France ont mis en place des outils économiques pour limiter les quantités d’énergies fossiles importées, et par voie de conséquence les émissions de CO2. Cependant, les émissions continuent d’augmenter.
C’est exactement ce que vient d’établir le jugement du Tribunal Administratif de Paris prononcé le 3 février 2021 et confirmé le 14 octobre 2021. Le jugement pointe « les carences fautives » de l’Etat en matière de lutte contre le changement climatique ». Il met en évidence l’insuffisante efficacité des politiques publiques actuelles.
Aujourd’hui l’absence d’acceptation sociale de ces dispositifs empêche de modifier leurs paramètres afin d’en augmenter l’efficacité climatique. Il s’agit donc de trouver de nouvelles solutions, permettant la construction d’une narration partagée autour de l’enjeu climatique. L’innovation monétaire demeure le seul outil économique non testé à ce jour.
Pourquoi les outils économiques classiques sont limités ?
Cette augmentation de nos émissions de CO2 fait apparaître clairement les limites des quatre outils économiques traditionnels :
La réglementation : Le contrôle de la mise en place de réglementation coute cher et peut être compliqué. Pour contourner la réglementation, les agents économiques sont incités à frauder. C'est le scandale du « diesel gate ».
La taxe carbone : l’efficacité de cet outil est en partie effacée par l’effet rebond. L’acceptation sociale du dispositif est aussi un enjeu majeur, comme l’a rappelé l’épisode des gilets jaunes.
Les subventions : La distribution de subventions distord les prix de marché. Par example, certains de nos clients paient l’installation d’une pompe à chaleur (PAC) 23.000 euros, alors que la PAC coute 4.000 euros ! La distribution de subventions incite aussi les agents économiques à la fraude. Ainsi la Commission Européenne a condamné la Hongrie à une amende de 1,67 milliard d’euros pour la mauvaise distribution des subventions européennes. Enfin, les subventions sont sujettes à l’effet d’aubaine. Par exemple, si votre chaudière tombe en panne, il faut bien la réparer ou la changer. Comme les hivers sont froids, les ménages réparent leur chaudière, et il n’y a pas besoin de distribuer des subventions. Comme ces subventions coûtent chères aux finances publiques et en les supprimant l'Etat fera des économies !
Le dispositif des quotas. Depuis 2005, l’Europe a mis en place un quatrième outil, celui des « Quotas ». Ce dispositif est aussi connu sous le nom « marché du carbone » ou « EU-ETS » pour Emission Trading Scheme. Ce dispositif est potentiellement très puissant, et donc les acteurs de ce marché carbone font tout pour ralentir sa mise en place. Par exemple en cherchant à limiter les plafonds de quotas, ou en obtenant des quotas gratuitement. Ce qui ralentit l’efficacité du dispositif.
Une monnaie climatique, dédiée à la lutte pour le climat.
La monnaie, en tant que vecteur de l'identité d'une communauté, utilisée au quotidien en permettant à tous les agents économiques de commercer avec cette monnaie climatique, a le potentiel de construire le récit collectif nécessaire sur le climat.
L’introduction d’une nouvelle monnaie climatique, est une innovation monétaire rare. Il faut désormais tester son efficacité. Si on fait référence à la Suisse, et à l’introduction de la monnaie WIR en 1934, on se dit que ça pourrait marcher ! En effet, des études économiques montrent qu’en Suisse l’introduction du WIR a permis de stabiliser l’économie pendant les crises. D’où l’intérêt d’introduire une monnaie dédiée au changement climatique.
Compte CO2 propose d'appeler cette monnaie climatique l'euro-vert.
Un euro-vert, vaut un euro. Il n’y a pas de taux de change ou de spéculation possible. Un euro-vert est un euro, adossé à une réduction d’émission de CO2.
L'euro-vert, symbolisé par €G, comme €-green, est donc une monnaie pour tous les agents économiques européens.
L’euro-vert et le Green Deal Européen
Compte CO2 voudrait contribuer à construire une Europe plus forte en explorant les avantages et les risques de l’euro-vert, cette troisième forme de l’euro, complémentaire des deux formes actuelles les espèces et les euros scripturaux (la forme scripturale de l’euro correspond aux montants inscrits sur les comptes bancaires).
Il s’agit de consacrer cette nouvelle forme de l’euro à la mise en œuvre du « pacte vert européen » (Green Deal, EGD), la toute première priorité de la Commission européenne.
L’expérimentation de l’euro-vert pourrait par ailleurs s’inscrire dans les réflexions de la Banque Centrale Européenne (BCE) sur une nouvelle forme de l’euro, dans le cadre du projet « Digital Euro ». Toutes les banques centrales sont d’ailleurs en train de réfléchir à ces nouvelles formes de monnaies, que l’on appelle désormais monnaie digitale de banque centrale (MDBC).
Alors l’euro-vert première MDBC pour tous ?